Commentaire d’œuvre 10 > Le Papillon – JEANNE-ISABELLE CORNIERE
Les sculptures de Jeanne-Isabelle Cornière, toujours très blanches et claires, sont des œuvres qui naissent de la résine ou du bronze, et se forment en ronde bosse ou en bas-reliefs. Le Papillon, présenté aujourd’hui, est une ronde bosse en bronze patiné, colorée principalement de blanc. La réalisation d’une telle œuvre, creuse au rendu final, s’obtient grâce à la technique dite de la « cire perdue » .Un vrai papillon, qui prête à l’œuvre son nom, est posé sur l’épaule droite de la figure représentée.
Un buste de jeune femme aux cheveux courts tenu par un bandeau vert pâle se tourne vers son épaule droite, regardant et questionnant le petit insecte posé là un instant. Le buste coupé aux mains, le corps exprimant une impression de stabilité, la jeune figure campe son espace en silence, réflexion et solitude. Son corps, non idéalisé, réaliste, est fin et son visage, serein et blanc, aux lèvres très légèrement teintées de corail, respire encore la jeunesse. Si le bas du corps est couvert, son buste, lui, est nu, simplement, naturellement.
Dans cette calme figure sensible se cachent diverses méditations sur la beauté, le féminin et la course incertaine du temps. Le papillon, si petit et fragile, symbolise à lui seul l’idée de la métamorphose dont nos corps peuvent être les singuliers acteurs : l’œuvre de Jeanne-Isabelle Cornière se fait alors vanité délicate, digne et symbolique. La blancheur et la pose de la figure rappellent les marbres italiens renaissants, toujours chastes, qui rencontreraient l’audace dix-neuvièmiste des bustes de Camille Claudel, qui, comme Jeanne Isabelle Cornière représente les femmes comme un langage pluriel, et non comme un corps purement décoratif. Elles convoquent toutes deux l’honnêteté et l’introspection.
Laure Saffroy-Lepesqueur
The sculptures of Jeanne-Isabelle Cornière, always very white and clear, are works that are made from resin or bronze, and are formed in the round or in bas-reliefs. Le Papillon, presented today, is a patinated bronze « in the round », mostly colored white. The realization of such a work, hollow in the final rendering, is obtained thanks to the technique known as “lost wax”. A real butterfly, which lends its name to the work, is placed on the right shoulder of the represented figure.
A bust of a young woman with short hair held by a pale green headband turns herself to her right shoulder, looking at and questioning the little insect lying there for a moment. The bust cut at the hands, the body expressing an impression of stability, the young figure camps her space in silence, reflection and solitude. Her body, not idealized, realistic, is fine and her face, serene and white, with very lightly tinted coral lips, still exudes youth. If the lower body is covered, her bust is naked, simply, naturally.
Various meditations on beauty, the feminine and the uncertain course of time hide in this calm and sensitive figure. The butterfly, so small and fragile, alone symbolizes the idea of the metamorphosis of which our bodies can be the singular actors: the work of Jeanne-Isabelle Cornière then becomes delicate, dignified and symbolic vanity. The whiteness and the pose of the figure recall the Renaissance Italian marbles, always chaste, which would meet the daring nineteenth century busts of Camille Claudel, who, like Jeanne Isabelle Cornière represents women as a plural language, and not as a purely decorative body. They both summon honesty and introspection.
Laure Saffroy-Lepesqueur